Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/107

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Le lendemain, dès le matin, Hoffmann était à sa fenêtre.

Au fur et à mesure que le moment de quitter Antonia approchait, cette séparation lui semblait de plus en plus impossible. Toute cette ravissante période de sa vie qui venait de s’écouler, ces sept mois qui avaient passé comme un jour et qui se représentaient à sa mémoire, tantôt comme un vaste horizon qu’il embrassait d’un coup d’œil, tantôt comme une série de jours joyeux, venaient les uns après les autres, sourians, couronnés de fleurs ; ces doux chants d’Antonia, qui lui avaient fait un air tout semé de douces mélodies ; tout cela était un trait si puissant, qu’il luttait presque avec l’inconnu, ce merveilleux enchanteur qui attire à lui les cœurs les plus forts, les âmes les plus froides.

À dix heures, Antonia parut au coin de la rue où, à pareille heure, sept mois auparavant, Hoffmann l’avait vue pour la première fois. La bonne Lisbeth la suivait comme de coutume, toutes deux montèrent les degrés de l’église. Arrivée au dernier degré, Antonia se retourna, aperçut Hoffmann, lui fit de la main un signe d’appel et entra dans l’église.

Hoffmann s’élança hors de la maison et y entra après elle.

Antonia était déjà agenouillée et en prière.

Hoffmann était protestant, et ces chants dans une autre langue lui avaient toujours paru assez ridicules ; mais lorsqu’il entendit Antonia psalmodier ce chant d’église si doux et si large à la fois, il regretta de ne pas en savoir les paroles pour mêler sa voix à la voix d’Antonia, rendue plus