Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/117

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— Non, non, autre chose.

— Je t’assure, citoyen…

— Tu comprends bien que nous ne t’accusons pas ; tu nous plais, et nous te protégerons ; mais voici deux délégués du club des Cordeliers, deux des Jacobins ; moi, je suis des Frères et Amis ; choisis parmi nous celui de ces clubs auquel tu feras ton hommage.

— Quel hommage ? dit Hoffmann surpris.

— Oh ! ne t’en cache pas, c’est si beau que tu devrais t’en pavaner partout.

— Vrai, citoyen, tu me fais rougir, explique-toi.

— Regarde et juge si je sais deviner, dit le patriote.

Et, ouvrant le livre des passeports, il montra, de son doigt gras, sur une page, sous la rubrique Strasbourg, les lignes suivantes :

« Hoffmann, voyageur, venant de Mannheim, a pris à Strasbourg une caisse étiquetée ainsi qu’il suit : O. B. »

— C’est vrai, dit Hoffmann.

— Eh bien ! que contient cette caisse ?

— J’ai fait ma déclaration à l’octroi de Strasbourg.

— Regardez, citoyens, ce que ce petit sournois apporte ici… Vous souvenez-vous de l’envoi de nos patriotes d’Auxerre ?

— Oui, dit l’un d’eux, une caisse de lard.

— Pour quoi faire ?

— Pour graisser la guillotine, s’écria un chœur de voix satisfaites.

— Eh bien ! dit Hoffmann, un peu pâle, quel rapport cette caisse que j’apporte peut-elle avoir avec l’envoi des patriotes d’Auxerre.