Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/125

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À bout de forces et de courage, il reprit le chemin de son hôtel, pour reposer un peu ses jambes, rêver à Antonia, à Zacharias, et fumer dans la solitude une bonne pipe de deux heures.

Mais, à prodige ! ce quai aux Fleurs si calme, si désert, était noir d’une multitude de gens rassemblés, qui se démenaient et vociféraient d’une façon inharmonieuse.

Hoffmann, qui n’était pas grand, ne voyait rien par-dessus les épaules de tous ces gens-là ; il se hâta de percer la foule avec ses coudes pointus et de rentrer dans sa chambre.

Il se mit à sa fenêtre.

Tous les regards se tournèrent aussitôt vers lui, et il en fut embarrassé un moment, car il remarqua combien peu de fenêtres étaient ouvertes. Cependant la curiosité des assistants se porta bientôt sur un autre point que la fenêtre d’Hoffmann, et le jeune homme fit comme les curieux, il regarda le porche d’un grand bâtiment noir à toits aigus, dont le clocheton surmontait une grosse tour carrée.

Hoffmann appela l’hôtesse.

— Citoyenne, dit-il, qu’est-ce que cet édifice, je vous prie ?

— Le Palais, citoyen.

— Et que fait-on au Palais ?

— Au palais de justice, citoyen, on y juge.

— Je croyais qu’il n’y avait plus de tribunaux.

— Si fait, il y a le tribunal révolutionnaire.

— Ah ! c’est vrai… et tous ces braves gens ?

— Attendent l’arrivée des charrettes.