Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/146

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— Un de mes amis, murmura le poëte ; qu’est-ce que cela peut être que l’ami de cet homme-là ? Cela doit être un fossoyeur.

— Ah ! bravo ! bravo ! Vestris, criota le petit homme en tapotant dans ses mains.

Le médecin avait choisi pour manifester son admiration le moment où Pâris, comme le disait le livre qu’Hoffmann avait acheté à la porte, saisit son javelot et vole au secours des pasteurs qui fuient épouvantés devant un lion terrible.

— Je ne suis pas curieux, mais j’aurais voulu voir le lion.

Ainsi se terminait le premier acte.

Alors le docteur se leva, se retourna, s’adossa à la stalle placée devant la sienne, et substituant une petite lorgnette à sa tabatière, il commença à lorgner les femmes qui composaient la salle.

Hoffmann suivait machinalement la direction de la lorgnette, et il remarquait avec étonnement que la personne sur qui elle se fixait tressaillait instantanément et tournait aussitôt les yeux vers celui qui la lorgnait, et cela comme si elle y eût été contrainte par une force invisible. Elle gardait cette position jusqu’à ce que le docteur cessât de la lorgner.

— Est-ce que cette lorgnette vous vient encore d’un héritier, monsieur ? demanda Hoffmann.

— Non, elle me vient de monsieur de Voltaire.

— Vous l’avez donc connu aussi ?

— Beaucoup, nous étions très liés.

— Vous étiez son médecin ?