— Il ne croyait pas à la médecine. Il est vrai qu’il ne croyait pas à grand’chose.
— Est-il vrai qu’il soit mort en se confessant ?
— Lui, monsieur, lui ! Arouet ! allons donc ! non-seulement il ne s’est pas confessé, mais encore il a joliment reçu le prêtre qui était venu l’assister ? Je puis vous en parler savamment, j’étais là.
— Que s’est-il donc passé ?
— Arouet allait mourir ; Tersac, son curé, arrive et lui dit tout d’abord, comme un homme qui n’a pas de temps à perdre : Monsieur, reconnaissez-vous la trinité de Jésus-Christ ?
— Monsieur, laissez-moi mourir tranquille, je vous prie, lui répond Voltaire.
— Cependant, monsieur, continue Tersac, il importe que je sache si vous reconnaissez Jésus-Christ comme fils de Dieu.
— Au nom du diable ! s’écrie Voltaire, ne me parlez plus de cet homme-là. Et, réunissant le peu de force qui lui restait, il flanque un coup de poing sur la tête du curé, et il meurt. Ai-je ri, mon Dieu ! ai-je ri !
— En effet, c’était risible, fit Hoffmann d’une voix dédaigneuse, et c’est bien ainsi que devait mourir l’auteur de la Pucelle.
— Ah oui, la Pucelle ! s’écria l’homme noir, quel chef-d’œuvre ! monsieur, quelle admirable chose ! Je ne connais qu’un livre qui puisse rivaliser avec celui-là.
— Lequel ?
— Justine, de monsieur de Sades ; connaissez-vous Justine ?