Il ne chantonnait plus, il ne battait plus la mesure.
Comment était-il venu là ? Hoffmann n’en savait rien : il ne l’avait ni vu venir, ni senti passer.
— Oh ! monsieur ! s’écria Hoffmann.
— Dites citoyen, mon jeune ami, et même tutoyez-moi… si c’est possible, répondit le petit homme noir, ou vous me ferez couper la tête et à vous aussi.
— Mais où est-elle donc ? demanda Hoffmann.
— Ah ! voilà… Où est-elle ? Il paraît que son tigre, qui ne la quitte pas des yeux, s’est aperçu qu’avant-hier elle a correspondu par signes avec un jeune homme de l’orchestre. Il paraît que ce jeune homme a couru après la voiture ; de sorte que depuis hier il a rompu l’engagement d’Arsène, et qu’Arsène n’est plus au théâtre.
— Et comment le directeur a-t-il souffert ?…
— Mon jeune ami, le directeur tient à conserver sa tête sur ses épaules, quoique ce soit une assez vilaine tête ; mais il prétend qu’il a l’habitude de cette tête-là et qu’une autre plus belle ne reprendrait peut-être pas bouture.
— Ah ! mon Dieu ! voilà donc pourquoi cette salle est si triste ! s’écria Hoffmann. Voilà pourquoi il n’y a plus de fleurs, plus de diamans, plus de bijoux ! Voilà pourquoi vous n’avez plus vos boucles en diamans ! Voilà pourquoi il y a, enfin, aux deux côtés de la scène, au lieu des bustes d’Apollon et de Terpsichore, ces deux affreux bustes ! Pouah !
— Ah ça ! mais, que me dites-vous donc là, demanda le docteur, et où avez-vous vu une salle telle que vous dites ? Où m’avez-vous vu des bagues en diamans, des tabatières