Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/186

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Et, en disant ces mots, elle avait dénoué le ruban de sa taille et ouvert l’agrafe de son col, de sorte que la robe glissait le long de son beau corps, qu’elle laissait nu, au fur et à mesure qu’elle descendait des épaules aux pieds.

— Oh ! dit Hoffmann, tombant à genoux, ce n’est pas une mortelle, c’est une déesse.

Arsène poussa du pied le manteau de la robe.

Puis, prenant la peau de tigre :

— Voyons, dit-elle, que faisons-nous de cela ? Mais aidez-moi donc, citoyen peintre, je n’ai pas l’habitude de m’habiller seule.

La naïve danseuse appelait cela s’habiller.

Hoffmann approcha chancelant, ivre, ébloui, prit la peau de tigre, agrafa ses ongles d’or sur l’épaule de la bacchante, la fit asseoir ou plutôt coucher sur le lit de cachemire rouge, où elle eût semblé une statue de marbre de Paros si sa respiration n’eût soulevé son sein, si le sourire n’eût entr’ouvert ses lèvres.

— Suis-je bien ainsi ? demanda-t-elle en arrondissant son bras au-dessous de sa tête et en prenant une grappe de raisins qu’elle parut presser sur ses lèvres.

— Oh ! oui, belle, belle, belle ! murmura Hoffmann.

Et l’amant l’emportant sur le peintre il tomba à genoux, et, d’un mouvement rapide comme la pensée, il prit la main d’Arsène et la couvrit de baisers.

Arsène retira sa main avec plus d’étonnement que de colère.

— Eh bien ! que faites-vous donc ? demanda-t-elle au jeune homme.