Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/212

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Le 26 sortit.

Hoffmann, rayonnant, ramassa trente-six louis.

La première chose qu’il fit fut d’en mettre trois à part dans le gousset de sa montre pour être sûr de pouvoir reprendre le médaillon de sa fiancée, au nom de laquelle il devait évidemment ce premier gain. Il laissa trente-trois louis sur le même numéro, et le même numéro sortit. C’étaient donc trente-six fois trente-trois louis qu’il gagnait, c’est-à-dire onze cent quatre-vingt-huit louis, c’est-à-dire plus de vingt-cinq mille francs.

Alors Hoffmann, puisant à pleines mains dans le Pactole solide, et le prenant par poignées, joua au hasard, à travers un éblouissement sans fin. À chaque coup qu’il jouait, le monceau de son gain grossissait, semblable à une montagne sortant tout à coup de l’eau.

Il en avait dans ses poches, dans son habit, dans son gilet, dans son chapeau, dans ses mains, sur la table, partout enfin. L’or coulait devant lui de la main des croupiers comme le sang d’une large blessure. Il était devenu le Jupiter de toutes les Danaés présentes, et le caissier de tous les joueurs malheureux.

Il perdit bien ainsi une vingtaine de mille francs.

Enfin, ramassant tout l’or qu’il avait devant lui, quand il crut en avoir assez, il s’enfuit, laissant pleins d’admiration et d’envie tous ceux qui se trouvaient là, et courut dans la direction de la maison d’Arsène.

Il était une heure du matin ; mais peu lui importait.

Venant avec une pareille somme, il lui semblait qu’il pouvait venir à toute heure de la nuit, et qu’il serait toujours le bienvenu.