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XVII

UN HÔTEL DE LA RUE SAINT-HONORÉ


Hoffmann recula épouvanté ; malgré la voix, malgré le visage, il doutait encore. Mais, en relevant la tête, Arsène laissa tomber ses mains sur ses genoux, et dégageant son col, ses mains laissèrent voir l’étrange agrafe de diamans qui réunissait les deux bouts du collier de velours et qui étincelait dans la nuit.

— Arsène ! Arsène ! répéta Hoffmann.

Arsène se leva.

— Que faites-vous ici, à cette heure ? demanda le jeune homme. Comment ! vêtue de cette robe grise ! Comment ! les épaules nues !

— Il a été arrêté hier, dit Arsène ; on est venu pour m’arrêter moi-même, je me suis sauvée comme j’étais, et cette nuit, à onze heures, trouvant ma chambre trop petite et mon lit trop froid, j’en suis sortie, et suis venue ici.

Ces paroles étaient dites avec un singulier accent, sans gestes, sans inflexions ; elles sortaient d’une bouche pâlie qui s’ouvrait et se refermait comme par un ressort : on eût dit un automate qui parlait.

— Mais, s’écria Hoffmann, vous ne pouvez rester ici !