Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vive au souvenir d’Hoffmann, et il se rappela le médaillon d’Antonia mis en gage chez le changeur allemand.

Aussitôt il poussa un cri en songeant qu’il avait vidé toutes ses poches sur la table de marbre de l’hôtel. Mais en même temps il se souvint qu’il avait mis, pour le dégager, trois louis à part dans le gousset de sa montre.

Le gousset avait fidèlement gardé son dépôt ; les trois louis y étaient toujours.

Hoffmann s’échappa des bras de Werner en lui criant : Attends-moi ! et s’élança dans la direction de la boutique du changeur.

À chaque pas qu’il faisait, il lui semblait, sortant d’une vapeur épaisse, s’avancer, à travers un nuage toujours s’éclaircissant, vers une atmosphère pure et resplendissante.

À la porte du changeur, il s’arrêta pour respirer ; l’ancienne vision, la vision de la nuit avait presque disparu.

Il reprit haleine un instant et entra.

Le changeur était à sa place, les sébiles en cuivre étaient à leur place.

Au bruit que fit Hoffmann en entrant, le changeur leva la tête.

— Ah ! ah ! dit-il, c’est vous, mon jeune compatriote ; ma foi ! je vous l’avoue, je ne comptais pas vous revoir.

— Je présume que vous ne me dites pas cela parce que vous avez disposé du médaillon ! s’écria Hoffmann.

— Non, je vous avais promis de vous le garder, et, m’en eût-on donné vingt-cinq louis, au lieu des trois que vous me devez, le médaillon ne serait pas sorti de ma boutique.

— Voici les trois louis, dit timidement Hoffmann ; mais