Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/75

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de rouge et de noir comme une page de plain-chant. Au milieu de cet étrange facies brillaient deux yeux vifs dont on pouvait d’autant mieux apprécier le regard aigu, que les lunettes qu’il portait et qu’il n’abandonnait jamais, même dans son sommeil, étaient constamment relevées sur son front ou abaissées sur le bout de son nez. C’était seulement quand il jouait du violon en redressant la tête et en regardant à distance, qu’il finissait par utiliser ce petit meuble qui paraissait être chez lui plutôt un objet de luxe que de nécessité.

Sa tête était chauve et constamment abritée sous une calotte noire, qui était devenue une partie inhérente à sa personne. Jour et nuit maître Gottlieb apparaissait aux visiteurs avec sa calotte. Seulement, lorsqu’il sortait, il se contentait de la surmonter d’une petite perruque à la Jean-Jacques. De sorte que la calotte se trouvait prise entre le crâne et la perruque. Il va sans dire que jamais maître Gottlieb ne s’inquiétait le moins du monde de la portion de velours qui apparaissait sous ses faux cheveux, lesquels ayant plus d’affinité avec le chapeau qu’avec la tête, accompagnaient le chapeau dans son excursion aérienne, toutes les fois que maître Gottlieb saluait.

Hoffmann regarda tout autour de lui, mais ne vit personne.

Il suivit donc maître Gottlieb où maître Gottlieb, qui, comme nous l’avons dit, marchait devant lui, voulut le mener.

Maître Gottlieb s’arrêta dans un grand cabinet plein de partitions empilées et de feuilles de musique volantes ; sur une table étaient dix ou douze boîtes plus ou moins or-