Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/174

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s’animer sous l’expression d’un sentiment d’abnégation.

— Va, si tu le veux, jusqu’au bout du monde, dit-elle d’une voix qui résonna aussi harmonieusement à l’oreille de Pravdine que la voix qui annonce sa grâce au coupable condamné à mort. Tu veux partir, Élie, ajouta-t-elle en posant ses lèvres sur le front du jeune homme ; mais tu ne partiras point seul ; je t’accompagnerai, car, à compter de cette heure, nous n’avons qu’une même route, qu’une même destinée. Je te sacrifie tout, je suis prête à tout supporter pour toi, afin que tu puisses un jour, couché dans ton cercueil, te dire : « Flora m’a aimé ! » Ne me demande point par quel moyen je vais empêcher notre séparation : l’amour me l’apprendra. Je n’exige qu’une chose ; accepte ta mission pour la Méditerranée et non pour l’Amérique.

Ceci se passait le 17 août de l’année 1829, à une heure précise de l’après-midi. C’est ainsi, du moins, que cela fut marqué, au crayon rouge, sur un des feuillets du mémorandum de Pravdine.