Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/178

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l’agréable saveur du poisson de mer, c’était l’acheter un peu cher que d’aller le pêcher soi-même au fond de la Méditerranée ; mais, apprenant que la princesse avait formellement annoncé à son cuisinier et à son valet de chambre que, si tous les préparatifs n’étaient point terminés le jour même, ils seraient chassés le lendemain, le prince avala le mais prêt à sortir de sa bouche, et le voici, bon gré, mal gré, voyageur sur mer. Pendant qu’on levait l’ancre, que les voiles se gonflaient à la brise, pendant que la frégate se balançait impatiente, le cœur de Flora palpitait sous cette question du doute :

— Est-il donc vrai que nous allions demeurer sur cette frégate ?

Et ses yeux se fixaient tantôt vers le rivage, tantôt sur son mari, dont les regards paraissaient regretter la terre ferme. Mais aussi, lorsque la frégate prit le large et salua la forteresse de Cronstadt, cet émouvant adieu à la Russie prouva à Flora que tout retour au rivage était impossible, et qu’elle allait être pour longtemps près de Pravdine ; son regard brilla ; elle contempla la mer, dont l’immensité se déployait