Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/179

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de plus en plus devant elle ; puis ses yeux s’arrêtèrent sur son bien-aimé, semblant lui dire : « Devant nous une mer, une mer de félicité ! » Pas une pensée de tristesse ou de frayeur ne s’éleva entre elle et Pravdine ; le sentiment du bonheur l’envahit sans limites.

Quant à Pravdine, il était violemment ému, et le bonheur n’en était pas la seule cause. Quel est l’homme qui, même ayant à son côté celle qu’il aime, peut quitter sa patrie sans un soupir, un dernier regard ; sans que son cœur se serre sous cette question de l’avenir : « Quand et comment te reverrai-je ? » sans sentir sous sa paupière une larme lui voiler l’horizon bleu ?

Pravdine regarda tristement le rivage qu’il abandonnait, puis prêta l’oreille avec une sorte d’inquiète curiosité aux coups de canon qui s’échangeaient entre la frégate et Cronstadt. Par intervalles grondaient les unes après les autres les armes redoutables ; vous eussiez dit la voix du Destin à laquelle le ciel répondait… Pravdine les écoutait comme un horoscope en langue inconnue et dont le sens est