Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/192

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de l’eau et des autres provisions. Ainsi tout est relatif en ce monde. L’éclair arrive à souhait lorsqu’il indique la route que l’on perdait. Effrayante est l’aurore lorsqu’elle fait voir l’échafaud de la condamnation.

Pour le voyageur, l’éclair a brillé comme la lumière d’un festin ; pour le criminel, l’aurore est apparue comme le tranchant de la hache. De même, ce qui soulevait des bâillements et des murmures sur les lèvres des marins, inspirait aux amoureux de tendres discours et de plus tendres baisers encore.

— Ne crains rien, chérie ! disait Pravdine à Flora en l’étreignant avec passion contre son sein, en écoutant le bruit d’une vague qui venait, déchaînée, se briser contre la frégate.

— Est-ce à moi de craindre ces vagues, répondait-elle, lorsque je sais que chacune d’elles m’apporte une minute de plus de bonheur ? Que le chêne tremble ; quant à mon cœur, s’il tremble, ce n’est point de frayeur.

Les deux amants ne sortaient pas de cet oubli