Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/216

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paraître… La nuit a passé rapide comme un baiser.

La princesse se souleva à demi du divan sur lequel elle était étendue.

— Ne me parle pas du jour, ne me rappelle point le moment de la séparation ; je ne te laisserai point partir… D’ailleurs, toi-même, aurais-tu la force de m’abandonner ? continua-t-elle avec une câlinerie enfantine, en attirant Pravdine sur son sein. Non, mon Élie ne sera pas assez cruel pour me livrer au désespoir… Je ne te rendrai pas à la mer ! Entends-tu la pluie ? Comme elle fouette les vitres ! comme la tempête mugit !…

Pravdine, par un brusque mouvement, détacha ses lèvres des lèvres de corail de Flora et prêta anxieusement l’oreille aux bruits effrayants du dehors. La pensée du danger où pouvait se trouver sa frégate traversa son cerveau. Il était saisissant de voir le contraste que faisait son pâle visage à côté du visage de la princesse coloré par l’amour. Flora était en ce moment aussi ravissante que la passion idéale du poète, qui se rapproche plus du ciel que de la