Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/225

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pour un cœur que tu as brisé ; tu oublies que, pour toi, j’ai tout donné, tout oublié. Non ! tu es à moi, à moi pour toujours ; je t’ai acquis au prix de mon bonheur en ce monde, de mon paradis dans l’autre ? N’est-il pas vrai, mon Élie, tu ne saurais m’abandonner ? Je n’ai plus que toi pour mon protecteur. Il y a une heure encore, je possédais un nom, une patrie, une famille, des amis ; et tu m’as enlevé tout cela comme on cueille des fleurs ; je ne me plaindrai pas, je ne regretterai rien aussi longtemps que je t’aurai près de moi. Ton cœur sera ma patrie, tes bras seront ma famille, tes paroles seront mes amis ; tu renfermeras pour moi le monde entier… Oh ! ne m’abandonne pas, ne me fais pas mourir !

Elle entoura amoureusement Pravdine de ses bras de marbre ; elle lui murmura à l’oreille des mots passionnés et sans suite.

Mais Pravdine répondit :

— Âme de mon âme, le passé est irréparable ; ne t’inquiète point de l’avenir ; nous pourrons encore le forcer à nous obéir ! Je vais me rendre sur la frégate, afin de la secourir avant qu’il soit trop