Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/254

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— Oh ! soyez ma Flora, car je vous adore comme Pravdine l’adorait.

— Vous oubliez leurs infortunes ? répondra-t-elle.

— Chacun a ses infortunes… Mais une part de félicité nous attend ! Mon sort, dût-il être plus malheureux que celui de Pravdine, je l’accepterais volontiers pour une seconde de bonheur… Oh ! si vous saviez combien je vous aime !

Et on l’écoute, on le croit presque !

À cette pensée, l’envie me prend de briser ma plume.

Mais, hélas ! y a-t-il une chose au monde, outre les idées, les paroles, les sensations, où le mal ne soit constamment mêlé au bien ? L’abeille extrait son miel de la belladone, et les hommes en tirent du poison. Le vin ranime l’homme sobre et abat l’ivrogne jusqu’à l’âme.

Rejetons, par conséquent, la plaisante idée de vouloir réformer l’humanité par des paroles ; laissons ce soin à la Providence. Contentons-nous de dire : « Telle chose s’est passée ainsi, » et que le temps y prenne sa part de bien et de mal.