Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/135

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— Vraiment ! dit Catherine avec une intonation peine d’intérêt. Eh bien ! je me charge de cette affaire. Mais si tu attends madame de Sauve, tu l’attendras inutilement : elle est occupée au-dessous d’ici, chez moi, dans mon cabinet.

Et Catherine, pensant qu’Orthon n’avait peut-être pas eu le temps de cacher le billet derrière la glace, entra dans le cabinet de madame de Sauve pour laisser toute liberté au jeune homme.

Au même moment, et comme Orthon, inquiet de cette arrivée inattendue de la reine mère, se demandait si cette arrivée ne cachait pas quelque complot contre son maître, il entendit frapper trois petits coups au plafond ; c’était le signal qu’il devait lui-même donner à son maître dans le cas de danger, quand son maître était chez madame de Sauve et qu’il veillait sur lui.

Ces trois coups le firent tressaillir ; une révélation mystérieuse l’éclaira, et il pensa que cette fois l’avis était donné à lui-même ; il courut donc au miroir, et en retira le billet qu’il y avait déjà posé.

Catherine suivait, à travers une ouverture de la tapisserie, tous les mouvements de l’enfant ; elle le vit s’élancer vers le miroir, mais elle ne sut si c’était pour y cacher le billet ou pour l’en retirer.

— Eh bien ! murmura l’impatiente Florentine, pourquoi tarde-t-il donc maintenant à partir ?

Et elle rentra aussitôt dans la chambre le visage souriant.

— Encore ici, petit garçon ? dit-elle. Eh bien ! mais qu’attends-tu donc ? Ne t’ai-je pas dit que je prenais en main le soin de ta petite fortune ? Quand je te dis une chose, en doutes-tu ?

— Oh ! Madame, Dieu m’en garde ! répondit Orthon.

Et l’enfant, s’approchant de la reine, mit un genou en terre, baisa le bas de sa robe et sortit rapidement.

En sortant il vit dans l’antichambre le capitaine des gardes qui attendait Catherine. Cette vue n’était pas faite pour éloigner ses soupçons ; aussi ne fit-elle que les redoubler.

De son côté Catherine n’eut pas plutôt vu la tapisserie de la portière retomber derrière Orthon, qu’elle s’élança vers le miroir. Mais ce fut inutilement qu’elle plongea derrière lui sa main tremblante d’impatience, elle ne trouva aucun billet.

Et cependant elle était sûre d’avoir vu l’enfant s’approcher