Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/158

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allait se relever, ne m’aviez-vous pas demandé justice de ce brigand de Maurevel ?

— Oui, sire.

— Je ne sais où il est pour vous la faire, car il se cache ; mais si vous le rencontrez, faites-vous justice vous-même, je vous y autorise, et de grand cœur.

— Ah ! sire, s’écria de Mouy, voilà qui me comble véritablement ; que Votre Majesté s’en rapporte à moi ; je ne sais non plus où il est, mais je le trouverai, soyez tranquille.

Et de Mouy, après avoir respectueusement salué le roi Charles et la reine Catherine, se retira sans que les gardes qui l’avaient amené missent aucun empêchement à sa sortie. Il traversa les corridors, gagna rapidement le guichet, et une fois dehors ne fit qu’un bond de la place Saint-Germain-l’Auxerrois à l’auberge de la Belle-Étoile, où il retrouva son cheval, grâce auquel, trois heures après la scène que nous venons de raconter, le jeune homme respirait en sûreté derrière les murailles de Mantes.

Catherine, dévorant sa colère, regagna son appartement, d’où elle passa dans celui de Marguerite.

Elle y trouva Henri en robe de chambre et qui paraissait prêt à se mettre au lit.

— Satan, murmura-t-elle, aide une pauvre reine pour qui Dieu ne veut plus rien faire !




XVII

deux têtes pour une couronne.


— Qu’on prie M. d’Alençon de me venir voir, avait dit Charles en congédiant sa mère.

M. de Nancey, disposé d’après l’invitation du roi de n’obéir désormais qu’à lui-même, ne fit qu’un bond de chez Charles chez son frère, lui transmettant sans adoucissement aucun l’ordre qu’il venait de recevoir.