Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/29

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— Mais, dit le lieutenant en arrêtant la main que Maurevel posait sur le marteau de la porte, mais, capitaine, cet appartement est celui du roi de Navarre.

— Qui vous dit le contraire ? répondit Maurevel.

Les sbires se regardèrent tout surpris, et le lieutenant fit un pas en arrière.

— Heu ! fit le lieutenant, arrêter quelqu’un à cette heure, au Louvre, et dans l’appartement du roi de Navarre ?

— Que répondriez-vous donc, dit Maurevel, si je vous disais que celui que vous allez arrêter est le roi de Navarre lui-même ?

— Je vous dirais, capitaine, que la chose est grave, et que, sans un ordre signé de la main du roi Charles IX…

— Lisez, dit Maurevel.

Et, tirant de son pourpoint l’ordre que lui avait remis Catherine, il le donna au lieutenant.

— C’est bien, répondit celui-ci après avoir lu ; je n’ai plus rien à vous dire.

— Et vous êtes prêt ?

— Je le suis.

— Et vous ? continua Maurevel en s’adressant aux cinq autres sbires.

Ceux-ci saluèrent avec respect.

— Écoutez-moi donc, Messieurs, dit Maurevel, voilà le plan : deux de vous resteront à cette porte, deux à la porte de la chambre à coucher, et deux entreront avec moi.

— Ensuite ? dit le lieutenant.

— Écoutez bien ceci : il nous est ordonné d’empêcher le prisonnier d’appeler, de crier, de résister ; toute infraction à cet ordre doit être punie de mort.

— Allons, allons, il a carte blanche, dit le lieutenant à l’homme désigné avec lui pour suivre Maurevel chez le roi.

— Tout à fait, dit Maurevel.

— Pauvre diable de roi de Navarre ! dit un des hommes, il était écrit là-haut qu’il ne devait point en réchapper.

— Et ici-bas, dit Maurevel en reprenant des mains du lieutenant l’ordre de Catherine, qu’il rentra dans sa poitrine.

Maurevel introduisit dans la serrure la clef que lui avait remise Catherine, et, laissant deux hommes à la porte extérieure, comme il en était convenu, entra avec les quatre autres dans l’antichambre.