Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/235

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— Rosa, s’écria-t-il, on nous a volés, c’est vrai, mais faut-il nous laisser abattre pour cela ? Non, le malheur est grand, mais réparable peut-être, Rosa ; nous connaissons le voleur.

— Hélas ! comment voulez-vous que je vous dise positivement ?

— Oh ! je vous le dis, moi, c’est cet infâme Jacob. Le laisserons-nous porter à Harlem le fruit de nos travaux, le fruit de nos veilles, l’enfant de notre amour. Rosa, il faut le poursuivre, il faut le rejoindre.

— Mais comment faire tout cela, mon ami, sans découvrir à mon père que nous étions d’intelligence ? Comment moi, une femme si peu libre, si peu habile, comment parviendrai-je à ce but, que vous-même n’atteindriez peut-être pas ?

— Rosa, Rosa, ouvrez-moi cette porte, et vous verrez si je ne l’atteins pas. Vous verrez si je ne découvre pas le voleur ; vous verrez si je ne lui fais pas avouer son crime. Vous verrez si je ne lui fais pas crier grâce !

— Hélas ! dit Rosa en éclatant en sanglots, puis-je vous ouvrir ? Ai-je les clefs sur moi ? Si je les avais, ne seriez-vous pas libre depuis longtemps ?

— Votre père les a, votre infâme père, le bourreau qui m’a déjà écrasé le premier caïeu de ma tulipe. Oh, le misérable, le misérable ! il est complice de Jacob.

— Plus bas, plus bas, au nom du ciel.

— Oh ! si vous ne m’ouvrez pas, Rosa, s’écria Cornélius au paroxysme de la rage, j’enfonce ce grillage et je massacre tout ce que je trouve dans la prison.

— Mon ami, par pitié.