Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus doucement à la pauvre fille, quand un grand bruit se fit entendre dans la rue, qui paraissait purement et simplement être une augmentation du bruit que Rosa avait déjà entendu, mais sans y attacher d’importance, au Grote-Markt, et qui n’avait pas eu le pouvoir de la réveiller de sa fervente prière.

Des acclamations bruyantes ébranlèrent la maison.

M. van Systens prêta l’oreille à ces acclamations, qui pour Rosa n’avaient point été un bruit d’abord, et maintenant n’étaient qu’un bruit ordinaire.

— Qu’est-ce que cela ? s’écria le bourgmestre, qu’est-ce cela ? serait-il possible et ai-je bien entendu ?

Et il se précipita vers son antichambre, sans plus se préoccuper de Rosa qu’il laissa dans son cabinet.

À peine arrivé dans son antichambre, M. van Systens poussa un grand cri en apercevant le spectacle de son escalier envahi jusqu’au vestibule.

Accompagné, ou plutôt suivi de la multitude, un jeune homme vêtu simplement d’un habit de petit velours violet brodé d’argent montait avec une noble lenteur les degrés de pierre, éclatants de blancheur et de propreté.

Derrière lui marchaient deux officiers, l’un de la marine, l’autre de la cavalerie.

Van Systens, se faisant faire place au milieu des domestiques effarés, vint s’incliner, se prosterner presque devant le nouvel arrivant, qui causait toute cette rumeur.

— Monseigneur, s’écria-t-il, monseigneur, Votre Altesse chez moi ! honneur éclatant à jamais pour mon humble maison.

— Cher M. van Systens, dit Guillaume d’Orange avec une sérénité qui, chez lui, remplaçait le sourire, je