Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/262

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jeune fille a formé le projet de me ruiner en s’appropriant le prix de cent mille florins que je gagnerai, j’espère, grâce à votre justice.

— Oh ! s’écria Rosa outrée de colère.

— Silence, dit le prince.

Puis, se retournant vers Boxtel :

— Et quel est, dit-il, ce prisonnier que vous dites être l’amant de cette jeune fille ?

Rosa faillit s’évanouir, car le prisonnier était recommandé par le prince comme un grand coupable.

Rien ne pouvait être plus agréable à Boxtel que cette question.

— Quel est ce prisonnier ? répéta-t-il.

— Ce prisonnier, monseigneur, est un homme dont le nom seul prouvera à Votre Altesse combien elle peut avoir foi en sa probité. Ce prisonnier est un criminel d’État, condamné une fois à mort.

— Et qui s’appelle… ?

Rosa cacha sa tête dans ses deux mains avec un mouvement désespéré.

— Qui s’appelle Cornélius van Baerle, dit Boxtel et qui est le propre filleul de ce scélérat de Corneille de Witt.

Le prince tressaillit. Son œil calme jeta une flamme, et le froid de la mort s’étendit de nouveau sur son visage immobile.

Il alla à Rosa et lui fit du doigt signe d’écarter ses mains de son visage.

Rosa obéit, comme eût fait sans voir une femme soumise à un pouvoir magnétique.

— C’est donc pour suivre cet homme que vous êtes