Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/266

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— Le troisième, où est-il ?

— Le troisième est chez moi, dit Boxtel tout troublé.

— Chez vous ? Où cela ? À Lœvestein ou à Dordrecht ?

— À Dordrecht, dit Boxtel.

— Vous mentez ! s’écria Rosa. Monseigneur, ajouta-t-elle en se tournant vers le prince, la véritable histoire de ces trois caïeux, je vais vous la dire, moi. Le premier a été écrasé par mon père dans la chambre du prisonnier, et cet homme le sait bien, car il espérait s’en emparer, et quand il vit cet espoir déçu, il faillit se brouiller avec mon père qui le lui enlevait. Le second, soigné par moi, a donné la tulipe noire, et le troisième, le dernier, — la jeune fille le tira de sa poitrine, — le troisième le voici dans le même papier qui l’enveloppait avec les deux autres quand, au moment de monter sur l’échafaud, Cornélius van Baerle me les donna tous trois. Tenez, monseigneur, tenez.

Et Rosa, démaillotant le caïeu du papier qui l’enveloppait, le tendit au prince, qui le prit de ses mains et l’examina.

— Mais, monseigneur, cette jeune fille ne peut-elle pas l’avoir volé comme la tulipe ? balbutia Boxtel effrayé de l’attention avec laquelle le prince examinait le caïeu et surtout de celle avec laquelle Rosa lisait quelques lignes tracées sur le papier resté entre ses mains.

Tout à coup, les yeux de la jeune fille s’enflammèrent, elle relut haletante ce papier mystérieux, et poussant un cri en tendant le papier au prince :

— Oh ! lisez, monseigneur, dit-elle, au nom du ciel, lisez !

Guillaume passa le troisième caïeu au président, prit le papier et lut.