Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/281

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Gryphus ne tarda point à demander grâce.

Mais avant de demander grâce, il avait crié, et beaucoup ; ses cris avaient été entendus et avaient mis en émoi tous les employés de la maison. Deux porte-clefs, un inspecteur et trois ou quatre gardes parurent donc tout à coup et surprirent Cornélius opérant le bâton à la main, le couteau sous le pied.

À l’aspect de tous ces témoins du méfait qu’il venait de commettre, et dont les circonstances atténuantes, comme on dit aujourd’hui, étaient inconnues, Cornélius se sentit perdu sans ressources.

En effet, toutes les apparences étaient contre lui.

En un tour de main, Cornélius fut désarmé ; et Gryphus entouré, relevé, soutenu, put compter, en rugissant de colère, les meurtrissures qui enflaient ses épaules et son échine, comme autant de collines diaprant le piton d’une montagne.

Procès-verbal fut dressé, séance tenante, des violences exercées par le prisonnier sur son gardien, et le procès-verbal soufflé par Gryphus ne pouvait pas être accusé de tiédeur ; il ne s’agissait de rien moins que d’une tentative d’assassinat, préparée depuis longtemps et accomplie sur le geôlier, avec préméditation par conséquent, et rébellion ouverte.

Tandis qu’on instrumentait contre Cornélius, les renseignements donnés par Gryphus rendant sa présence inutile, les deux porte-clefs l’avaient descendu dans sa geôle, moulu de coups et gémissant.

Pendant ce temps, les gardes qui s’étaient emparés de Cornélius s’occupaient à l’instruire charitablement des us et coutumes de Loevestein, qu’il connaissait du reste,