Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/173

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nut facilement que l’esprit de Dieu était dans cet homme. Aussi quelque amour qu’elle eût pour son fils, dont la santé allait toujours s’affaiblissant, lorsque le saint lui eut donné le conseil de continuer son chemin vers Rome et de laisser son enfant à Florence, elle obéit aussitôt, recommanda le jeune homme aux soins et aux prières du saint évêque, embrassa l’enfant, et partit, quoique, sentant son mal croître de moment en moment, l’enfant la suppliât de rester.

Le pauvre petit ne se trompait pas ; le germe de la mort était en lui, et il alla chaque jour dépérissant, appelant sans cesse sa mère et répondant par ce seul cri : Ma mère ! ma mère ! aux secours des médecins et aux exhortations du saint évêque. Aussi, soit qu’il fut condamné, soit que cette douleur de se trouver seul dans une ville inconnue empirât encore son état, son mal fit des progrès si rapides, que quinze jours après le départ de sa mère il expira en l’appelant et en demandant à Dieu de la revoir une fois encore. Mais Dieu, qui avait d’autres projets sur lui, ne le permit pas.

Le jour même de sa mort, et comme des mains étrangères venaient de rendre au pauvre trépassé les derniers devoirs, sa mère, revenue de Rome, rentrait à Florence pleine de joie du bon et pieux voyage qu’elle avait fait, et pleine d’espérance de retrouver son enfant guéri.

Elle s’achemina donc rapidement vers sa demeure. Mais sans savoir pourquoi, à mesure qu’elle approchait, elle sentait son âme se serrer. A quelques pas de la maison, elle rencontra deux femmes qu’elle connaissait, et qui, au lieu de la féliciter de son bon retour, continuèrent leur chemin en détournant la tête. Au seuil de la porte, elle sentit une odeur d‘encens qui l’épouvanta malgré elle ; un instant elle demeura immobile et se demandant si elle devait aller plus avant. Enfin, jugeant que le mal le plus terrible qu’elle pût éprouver était l’angoisse qui lui brisait l’âme, elle s’élança dans la maison, monta rapidement l’escalier, et, trouvant toutes les portes ouvertes, elle se précipita dans la chambre de son enfant en criant à son tour : Mon fils ! mon fils !

L’enfant était couché, les cheveux couronnés de fleurs, tenant d’une main une palme et de l’autre un crucifix ; et