Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/175

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vait l’évêque, et l’ayant rencontré juste à l’endroit où se trouve aujourd’hui le palais Altoviti, elle déposa l’enfant devant lui, et se jetant à ses pieds :

— Ô saint homme du Seigneur ! s’écria-t-elle, les joues livides, les cheveux épars et la voix pleine de larmes ; — ô miséricordieux évêque ! ô père des pauvres ! ô consolateur des affligés ! tu sais que dans la perte des choses humaines là est la plus grande douleur où était la plus grande espérance et le plus grand amour. Or, toute mon espérance, tout mon amour, je les avais mis dans cet enfant que voilà mort à mes pieds. Que voulez-vous donc que devienne une mère quand son enfant unique est mort ! N’oubliez donc pas que c’est par votre conseil que j’ai continué mon voyage vers Rome, que vous m’avez dit de laisser cet enfant entre vos mains, et que je l’y ai laissé. Et à cette heure, comment me rendez-vous mon enfant ? Vous le voyez, saint homme de Dieu, mort, mort ! Priez donc Dieu de renouveler pour moi le miracle qu’il a fait pour la fille de Jaïre et pour le frère de Marthe et de Madeleine. Je crois comme ces saintes femmes croyaient ; j’ai dans l’âme la même loi qu’elles avaient dans l’âme. Dites donc les paroles saintes : je suis à genoux, je crois, j’attends.

Et la pauvre mère levait en effet vers le ciel des yeux si pleins d’espérance que tout le monde pleurait autour d’elle en voyant une si profonde douleur jointe à une si pieuse croyance.

Quant à saint Zanobbi, il s’était arrêté comme stupéfait d’un pareil espoir et dans l’humble doute toujours que le Seigneur daignât se servir de lui pour accomplir de si grandes choses. Mais tout le peuple, qui lui avait déjà vu l’air tant de miracles, se mit à crier, partageant la confiance de la mère :

— Ressuscitez l’enfant, saint évêque, ressuscitez-le.

Alors saint Zanobbi s’agenouilla, et, avec des larmes d’une dévotion profonde, il demanda à Dieu de permettre que le ciel s’ouvrit et laissât tomber sur le fils de cette pauvre femme la rosée de sa grâce. Puis, cette prière terminée, il fit le signe de la croix sur le corps de l’enfant, le souleva dans ses bras et le déposa dans ceux de sa mère.