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cavalerie, de prendre une centaine de chasseurs et de pousser une forte reconnaissance sur la route de Rhamanieh.

Quoique Zaionczek soit bien connu, disons rapidement quelques mots sur ce général, dont la fortune fut une des fortunes éclatantes de l’époque.

Zaionczek était né le 1er novembre 1752 : c’était donc, vers l’époque où nous sommes arrivés, c’est-à dire en l’an IV de la république française, un homme de quarante-cinq ans à peu près. Les premières années de sa vie s’étaient illustrées au milieu des guerres de l’indépendance polonaise, où il avait combattu sous les ordres de Kosciusko et côte à côte avec lui ; après la confédération de Targowitza, au bas de laquelle le roi Stanislas avait eu la faiblesse d’apposer sa signature, Zaionczek fit ses adieux à l’armée polonaise et se retira à l’étranger avec Kosciusko et Joseph Poniatowski : mais au commencement de l’année 1794 une insurrection ayant éclaté en Pologne, les proscrits y reparurent plus grands de leur proscription. Alors commença cette nouvelle lutte de la Pologne, aussi glorieuse, aussi sanglante et aussi fatale à la nationalité polonaise que l’avait été celle de 1794 et que devait l’être celle de 1830. Le 4 novembre, Varsovie fut prise par Souwarow ; les généraux Iasinski, Korsack, Paul Grabowski et Kwasniewki furent trouvés parmi les morts, et Zaionczek, emporté mourant du champ de bataille, alla expier pendant deux ans dans la forteresse de Josephstadt, d’où il ne sortit qu’à la mort de l’impératrice Catherine, la part qu’il avait prise à l’insurrection de sa patrie.

Zaionczek, proscrit de Pologne, vint en France, cette éternelle terre des proscrits, qui a donné tour à tour asile aux rois et aux peuples, et demanda du service dans les armées républicaines. Envoyé en Italie avec le grade de général de brigade, il y avait fait en 1797, avec Joubert et mon père, la campagne du Tyrol.

Lorsque la campagne d’Égypte fut résolue, et que mon père eût été nommé général en chef de la cavalerie, il choisit Zaionczek pour un de ses généraux de brigade.

Voilà quelle avait été jusque-là la vie du patriote polonais ; vie glorieuse, mais persécutée. En outre, comme certains gé-