Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/240

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Excellences peuvent choisir dans l’hôtel l’appartement qui leur convient le mieux.

Nous recommençâmes la visite, et nous nous arrêtâmes à une grande chambre au premier dont les fenêtres s’ouvraient sur le fleuve et sur le faubourg ; le faubourg était toujours désert, et le fleuve toujours habité.

Au bout d’une heure et demie nous avions pris nos bains, nous avions fait une excellente collation, et nous étions dans nos lits bien confortablement bassinés.

On nous annonça le baron Mollo : on ne l’avait point trouvé chez lui ; on l’avait aussitôt poursuivi aux baraques, où il avait fallu le temps de démêler sa cahute de toutes les cahutes voisines. Alors, avec cette politesse excessive que l’on rencontre chez tous les gentilshommes italiens, il n’avait pas voulu souffrir que nous nous dérangeassions, fatigués comme nous devions l’être, et il était venu lui-même à l’hôtel, ce qui avait porté au comble la confusion du pauvre cameriere et la vénération de notre hôte pour ses voyageurs.

Nous fîmes faire toutes nos excuses au baron, et nous lui dîmes que, n’ayant point couché depuis huit jours dans des draps blancs, nous avions été pressés de jouir de cette nouveauté ; mais que, cependant, s’il voulait passer par-dessus le cérémonial et entrer dans notre chambre, il nous ferait le plus grand plaisir : trois minutes après que le cameriere était allé porter notre réponse, la porte s’ouvrit, et le baron entra.

C’était un homme de cinquante-cinq à soixante ans, parlant très bien français, et remarquable, de bonnes manières ; il avait habité Naples du temps de la domination française, et, comme presque toutes les personnes des classes supérieures, il avait conservé de nous un excellent souvenir.

De plus, la lettre que nous lui avions fait remettre avait produit des merveilles. Le fils du général Nunziante, versé dans la littérature française, qui faisait sur le volcan où il était relégué à peu près sa seule distraction, m’avait recommandé à lui de la façon la plus pressante ; de sorte qu’il venait mettre à notre disposition sa personne, sa voiture, ses chevaux, et même sa baraque. Quant à son palazzo, il n’en était point question ; il était fendu depuis le haut jusqu’en