Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/250

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le mouvement d’élévation, semblable à celui d’une vague qui soulèverait une barque, me parut être de deux pieds à peu près, et fut assez inattendu et assez violent pour que je tombasse sur un genou. Les quatre mouvemens, qui se succédèrent à intervalles à peu près égaux, furent accomplis en six ou huit secondes. Trois autres secousses eurent encore lieu dans l’espace d’une heure à peu près ; mais celles-ci, beaucoup moins fortes que la première, ne furent qu’une espèce de frémisse ment du sol, et allèrent toujours en diminuant. Enfin, on comprit que cette nuit ne serait pas encore la dernière et que le monde avait probablement son lendemain. On se félicita mutuellement sur le nouveau danger auquel on venait d’échapper, et l’on rentra petit à petit dans les baraques. À deux heures et demie la place était à peu près déserte.

Nous suivîmes l’exemple qui nous était donné et nous regagnâmes nos lits : ils avaient pris, comme la veille, leur part du tremblement de terre en quittant la muraille et en s’en allant, l’un du côté de la fenêtre, l’autre du côté de la porte ; nous les rétablîmes chacun en son lieu et place, et nous les assurâmes en nous y étendant. Quant à l’hôtel du Repos-d’Alaric, il était resté digne de son patron et demeurait ferme comme un roc sur ses fondations.

À huit heures du matin nous fûmes réveillés par le capitaine Aréna ; il était arrivé la veille au soir avec le speronare et tout l’équipage à San-Lucido, il y avait trouvé notre lettre, et accourait en personne à notre secours les poches bourrées de piastres.

Il était temps : il ne nous restait pas tout a fait deux carlius.