Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

» Un autre fait à peu près semblable existe, et, bien que se rattachant à une autre époque, mérite cependant d’être ajouté aux exemples précédemment cités des tremblemens de terre par bondissement. Ce fait se trouve rapporté dans une vieille relation de 4639. Le P. Thomas de Rossano, de l’ordre des Dominicains, dormait tranquillement dans l’intérieur du couvent à Soriano. Tout à coup le lit et le moine sont lancés par la fenêtre au milieu de la rivière Vesco. Le plancher suit heureusement le même chemin que le lit et le dormeur, et devient le radeau qui les sauve. L’historien ne dit pas si le moine se réveilla en route.

» La ville de Casalnovo ne fut pas plus épargnée que celle de Terra-Nova : églises, monumens publics, maisons particulières, tout fut également détruit. Parmi la foule des victimes, on peut citer la princesse de Garane, dont le cadavre fut retiré du milieu des ruines, portant encore la trace de deux larges blessures.

» La ville d’Oppido, qui, s’il faut en croire le géographe Cluverius, serait l’ancienne Mamertium, cette ville, dis-je, eut le sort de toutes les jolies femmes : objet d’envie dans leur jeunesse, de dégoût dans leur décrépitude, d’horreur après leur mort.

» Je n’entreprendrai point de peindre ici les ruines et les pertes de tout genre dont ce triste lieu fut la scène ; je me borne à remarquer que tel fut l’état de confusion où ce terrible fléau jeta ici les monumens et les hommes, que le spectacle seul de tant de ruines et de maux serait lui-même un mal terrible ; et qu’enfin tel fut l’état déplorable de cette malheureuse ville, que parmi le très petit nombre de victimes échappées à la mort commune, il ne s’en trouva pas une qui pût parvenir, par la suite, à reconnaître les ruines de sa propre maison dans les ruines de la maison d’un autre. J’en prends au hasard un exemple.

» Deux frères, don Marcel et don Dominique Quillo, riches habitans de cette ville, avaient une fort belle propriété, située à l’un des bouts de la rue Canna-Maria, c’est-à-dire hors de la ville. Celte propriété comprenait plusieurs bâtimens, tels entre autres qu’une maison composée de sept