Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/119

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dilection pour un point plutôt que pour un autre, il résolut de ne pas la contrarier et de la laisser aller tranquillement où elle avait affaire, et de profiter de la circonstance pour cheminer avec elle. Mais, comme la nature glissante du terrain était rendue plus dangereuse encore par le mouvement, le capitaine Pamphile, quoiqu’il eût le pied marin, n’en remonta pas moins vers la région élevée de son île ; et, se soutenant à l’arbre isolé et sans feuillage qui semblait en marquer le centre, il attendit les événements avec patience et résignation.

Cependant le capitaine Pamphile, qui était, comme on le comprendra facilement, devenu tout yeux et tout oreilles, dans les intervalles moins sombres où le vent chassant un nuage laissait briller quelque étoile comme un diamant de la parure céleste, croyait apercevoir, pareille à un point noir, une petite île qui servait de guide à la grande, marchant à la distance de cinquante pas d’elle, à peu près ; et, quand la vague qui venait battre les flancs de son domaine était moins bruyante, ces mêmes voix qu’il avait entendues passaient de nouveau à ses oreilles emportées sur un souffle de brise, incertaines et inintelligibles comme le murmure des esprits de la mer.

Ce fut lorsque le crépuscule commença de paraître à l’orient, que le capitaine Pamphile parvint à s’orienter complètement, et s’étonna, avec l’intelligence qu’il s’accordait à lui-même, de ne s’être pas rendu compte plus tôt de sa situation. La petite île qui marchait la première était une barque montée par six sauvages canadiens ; la grande île où il se trouvait, une baleine que