Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant, après l’avoir tournée et retournée en tous sens, suspendue par la petite chaîne, balancée par la grande, convaincu qu’il avait affaire à un être animé, il la porta à son oreille, écouta avec attention le mouvement, la tourna et la retourna encore pour tâcher d’en découvrir le mécanisme, mit une main sur son cœur, tandis que, de l’autre, il reportait une seconde fois le chronomètre à son oreille ; et, convaincu que c’était un animal, puisqu’il avait un pouls qui battait à l’instar du sien, il la coucha avec le plus grand soin auprès d’une petite tortue large comme une pièce de cinq francs et grosse comme la moitié d’une noix, qu’il conservait précieusement dans une boîte qu’à la richesse de son incrustation en coquillages, on devinait facilement avoir fait partie de son trésor particulier ; puis, comme satisfait de la part qu’il s’était appropriée, il poussa du pied la cravate, la chemise et le pantalon, les laissant généreusement à la disposition de son équipage.

Le déjeuner terminé, le Serpent-Noir, les Hurons et le prisonnier passèrent de la baleine sur la pirogue. Le capitaine Pamphile vit alors que les objets apportés par les Hurons étaient deux carabines anglaises, quatre bouteilles d’eau-de-vie et un baril de poudre : le Serpent-Noir, jugeant au-dessous de sa dignité d’exploiter lui-même la baleine qu’il avait tuée, l’avait troquée avec un colon contre de l’alcool, des munitions et des armes.

En ce moment, l’habitant du cap Breton reparut sur le rivage, accompagné de cinq ou six esclaves, descendit dans un canot plus grand que celui qu’il avait choisi pour