Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/128

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aussi absolu. C’est que, grâce aux différentes situations dans lesquelles il s’était trouvé pendant le cours d’une vie des plus orageuses, et dont nous n’avons montré à nos lecteurs que le côté brillant, il avait pris l’habitude de résolutions promptes et décisives ; or, comme nous l’avons dit, voyant qu’il n’était pas le plus fort, il avait à l’instant même puisé, dans un vieux fond de philosophie qu’il tenait toujours en réserve pour les occasions semblables, une résignation apparente dont le Serpent-Noir, quelque rusé qu’il fût, avait été la dupe.

Il est vrai d’ajouter que le capitaine Pamphile, amateur comme il l’était du grand art de la navigation, ne se trouva pas, sans un certain plaisir à même d’étudier le degré où cet art était arrivé chez les nations sauvages du haut Canada.

La membrure du canot dans lequel le capitaine Pamphile était embarqué, lui sixième, était faite d’un bois très-fort mais pliant, uni par des pièces d’écorce de bouleau cousues les unes aux autres, et recouvertes sur leurs coutures d’une forte couche de goudron. Quant à l’intérieur, il était doublé de planches de sapin très-minces, placées l’une sur l’autre, comme les tuiles d’un toit.

Notre observateur était trop impartial pour ne pas rendre justice aux ouvriers qui avaient construit le véhicule, grâce auquel il était transporté, bien malgré lui, du septentrion au sud ; il avait donc, d’un seul signe, mais d’un signe d’amateur, indiqué qu’il était satisfait de la légèreté du canot ; cette légèreté, en effet, lui donnait deux avantages immenses : le premier de dépasser, en