Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/172

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avait deviné juste. Sans perdre un instant, il piqua une tête dans la rivière et se mit à nager en silence vers le navire.

Le capitaine Pamphile fit deux fois le tour de la Roxelane pour s’assurer que personne ne veillait à bord ; puis, satisfait de son examen, il se glissa sous le beaupré, gagna l’échelle de corde, et commença son ascension, s’arrêtant à chaque degré pour écouter s’il n’entendait aucun bruit. Tout resta muet ; le capitaine fit une dernière enjambée et se trouva sur le pont de son navire ; là, il commença de respirer, il était enfin chez lui.

Le premier besoin du capitaine Pamphile était de changer de costume : celui qu’il portait était trop rapproché de la nature, et pouvait nier son identité. Il descendit donc à son ancienne cabine et retrouva tout à la même place, comme si rien ne s’était passé. Le seul changement opéré, c’est que Policar y avait fait apporter ses effets, et, en homme soigneux, avait rangé ceux du capitaine Pamphile dans une malle. Ce respect du mobilier avait été porté à un tel point, que le capitaine Pamphile n’eut qu’à tendre la main vers l’endroit où il plaçait ordinairement son briquet phosphorique, pour le retrouver à la même place, de sorte que, la neuvième allumette essayée, le capitaine Pamphile avait de la lumière.

Il procéda aussitôt à sa toilette ; c’était beaucoup d’avoir repris possession de son bâtiment, mais ce n’était pas assez : il lui fallait encore rentrer dans sa figure ; la chose fut plus difficile. Le peintre du grand chef avait fait les choses en conscience ; le capitaine Pamphile fail-