mée en dedans, à peine se donna-t-il le temps de se faire une espèce de lit entre deux tonneaux et de rouler un baril sous sa tête pour lui servir de traversin ; après quoi, il tomba dans un sommeil aussi profond que s’il n’avait pas été obligé de quitter momentanément son navire par les circonstances que nous avons dites : le capitaine dormit douze heures tout d’un trait et les poings fermés.
Lorsqu’il se réveilla, il sentit, au mouvement de la Roxelane, qu’elle s’était remise en marche ; pendant son sommeil, le navire avait effectivement levé l’ancre et descendait vers la mer, ne se doutant pas du surcroît d’équipage qu’il avait à bord. Au milieu du bruit et de la confusion qui accompagnent toujours un départ, le capitaine entendit gratter à la porte de sa cachette : c’était Double-Bouche qui lui apportait sa ration.
— Eh bien, mon enfant, dit le capitaine, nous voilà donc partis ?
— Vous voyez, cela marche.
— Et où allons-nous ?
— À Nantes.
— Et où sommes-nous ?
— À la hauteur de Reedy-Island.
— Bon ! ils sont tous à bord ?
— Oui, tous.
— Et ils n’ont recruté personne ?
— Si fait, un ours.
— Bon ! et quand serons-nous en mer ?
— Oh ! ce soir ; nous avons pour nous la brise et le courant, et, à Bombay-Hook, nous trouverons la marée.