Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/189

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ses ordonnances. Le docteur Blasy reconnut la sagesse et l’aptitude du traitement ; puis, ayant examiné à son tour le malheureux Jacques, son avis, comme celui de Thierry, fut qu’il était atteint d’une paralysie d’intestins occasionnée par la quantité de blanc de plomb et de bleu de Prusse que Jacques avait dévorée.

Le malade était si faible, que l’on n’osa point pratiquer une nouvelle saignée, et que les hommes de la science s’en remirent aux ressources de la nature. La journée se passa ainsi, accidentée à tout moment par des crises ; le soir, Thierry revint et n’eut besoin que de jeter un seul coup d’œil sur Jacques pour s’apercevoir que la maladie avait fait encore de nouveaux progrès. Il secoua tristement la tête, ne prescrivit rien de nouveau, et dit que, si le malade manifestait quelque caprice, on pouvait lui donner tout ce qu’il demanderait : même chose arrive pour les condamnés, la veille du jour où on les mène à la guillotine. Cette déclaration de Thierry jeta tout le monde dans la consternation.

Le soir, Fau arriva, déclarant que personne autre que lui ne veillerait Jacques. En conséquence de la décision du docteur, il avait bourré ses poches de dragées, de pralines et d’amandes fraîches ; ne pouvant sauver Jacques, il voulait au moins adoucir ses derniers moments.

Jacques le reçut avec une suprême expression de joie : lorsqu’il le vit s’établir à la place où s’était assise la vieille, il comprit le dévouement de son maître, et l’en remercia par un petit grognement amical. Fau commença à lui donner un verre de la potion commandée par Thierry ;