guère que les arêtes, la tête des poissons, et même leur vessie natatoire, qui remonte quelquefois à la surface de l’eau. »
— Diable ! diable ! dis-je ; le restaurateur a pour lui M. de Buffon : ce qu’il dit pourrait bien être vrai.
J’étais en train de méditer sur la probabilité de l’accident, lorsque Joseph rentra, tenant l’accusée d’une main et les balances de l’autre.
— Voyez-vous, me dit Joseph, ça mange beaucoup, ces sortes d’animaux, pour entretenir leurs forces, et du poisson surtout, parce que c’est très-nourrissant ; est-ce que vous croyez que, sans cela, ça pourrait porter une voiture ?… Voyez, dans les ports de mer, comme les matelots sont robustes : c’est parce qu’ils ne mangent que du poisson.
J’interrompis Joseph.
— Combien pesait la tanche ?
— Trois livres : c’est neuf francs que le garçon réclame.
— Et Gazelle l’a mangée tout entière ?
— Oh ! elle n’a laissé que l’arête, la tête et la vessie.
— C’est bien cela ! M. de Buffon est un grand naturaliste[1]. Cependant, continuai-je à demi-voix, trois livres… cela me paraît fort.
Je mis Gazelle dans la balance ; elle ne pesait que deux livres et demie avec sa carapace.
Il résultait de cette expérience, non point que Gazelle
- ↑ Comme il faut rendre à chacun ce qui lui appartient, c’est au continuateur de M. de Buffon, M. Dandin, qu’il faut renvoyer cet éloge.