Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/201

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c’était le chiffre de Jacques, il ne pouvait plus fermer l’œil ; il en résulta qu’au bout de vingt minutes, Tony sauta une troisième fois à bas de son lit ; seulement, cette fois, ce ne fut ni une hallebarde, ni un pistolet qu’il prit, mais une cravache.

Jacques le vit venir, reconnut ses intentions et se blottit sous son coussin ; mais il était trop tard. Tony fut impitoyable et Jacques reçut une correction consciencieusement mesurée au délit. Cela le calma pour le reste de la nuit, mais alors ce fut à Tony qu’il fut impossible de se rendormir ; ce que voyant, il se leva bravement, alluma sa lampe, et, ne pouvant peindre à la lumière, il commença un de ces bois délicieux qui l’ont fait le roi des illustrations.

On comprend que, malgré le bénéfice pécuniaire que Tony trouvait à son insomnie, cela ne pouvait durer dans les mêmes conditions ; aussi, le jour venu, pensa-t-il sérieusement à trouver un moyen qui conciliât les exigences de son sommeil et les intérêts de sa bourse : il était au plus abstrait de ses méditations, lorsqu’il vit entrer dans son atelier une jolie chatte de gouttière, nommée Michette, que Jacques aimait parce qu’elle faisait tout ce qu’il voulait, et qui, de son côté, aimait Jacques parce que Jacques lui cherchait ses puces.

Tony ne se fut pas plus tôt rappelé cette douce intimité, qu’il pensa à en tirer parti. La chatte, avec sa fourrure hivernale pouvait parfaitement remplacer le poêle. En conséquence, il mit la main sur la chatte, qui, ignorant les dispositions que l’on venait de prendre à son égard, ne