Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/219

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voisin de droite, se trouva libre enfin d’entrer dans le salon, où le préfet l’attendait pour prendre le café.

Quoique le capitaine fût un digne appréciateur de la fève d’Arabie, et que celle dont il savourait la flamme liquide lui parût venir directement de Moka, il réserva tous ses éloges pour le petit verre d’eau-de-vie qui l’accompagnait et qu’il compara au meilleur cognac qu’il eût jamais dégusté. À cet éloge, le descendant de Bertrand de Pelonge s’inclina : c’était le fournisseur ordinaire de la préfecture, et la flèche de la flatterie, décochée par le capitaine Pamphile, était allée frapper en plein but.

Il s’ensuivit une longue conférence, entre le citoyen Ignace-Nicolas Pelonge et le capitaine Amable-Désiré Pamphile, dans laquelle le liquoriste montra une grande habitude pratique et l’académicien une profonde connaissance de la théorie. Le résultat de cette conversation, dans laquelle la question des liquides avait été profondément débattue, fut que le capitaine Pamphile apprit ce qu’il voulait savoir, c’est-à-dire que le citoyen Ignace-Nicolas Pelonge était sur le point d’envoyer cinquante pipes de cette même eau-de-vie, contenant cinq cents bouteilles, à la maison Jackson et Williams, de New-York, avec laquelle il était en relation d’affaires, et que cet envoi, actuellement en charge sur le quai de l’Horloge, devait descendre la Loire jusqu’à Nantes, où il serait placé à bord du trois-mâts le Zéphir, capitaine Malvilain, en partance pour l’Amérique du Nord : le tout dans le délai de quinze à vingt jours.

Il n’y avait pas une minute à perdre, si le capitaine