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XVIII

Comment le capitaine Pamphile, s’étant défait avantageusement
de sa cargaison de bois d’ébène à la Martinique,
et de son alcool aux grandes Antilles, retrouva son ancien ami
le Serpent-Noir cacique des Mosquitos, et acheta
son caciquat pour une demi-pipe d’eau-de-vie.


Après deux mois et demi d’une heureuse traversée pendant laquelle, grâce aux soins paternels que le capitaine prit de son chargement, il ne perdit que trente-deux nègres, la Roxelane entra dans le port de la Martinique.

C’était un excellent moment pour se défaire de sa cargaison ; grâce aux mesures philanthropiques prises d’un commun accord par les gouvernements civilisés, la traite, exposée aujourd’hui à des dangers ridicules, laisse manquer les colonies.

La marchandise du capitaine Pamphile était donc en grande hausse lorsqu’il aborda à Saint-Pierre-Martinique : aussi n’y en eut-il que pour les plus riches. Il faut avouer aussi que tout ce qu’apportait le capitaine était de véritables échantillons de choix. Tous ces hommes pris sur un champ de bataille étaient les plus braves et les plus robustes de leur nation ; puis ils n’avaient pas la face stupide et l’apathie animale des nègres du Congo ; leurs relations avec le Cap les avait presque civilisés ; ce n’étaient que des demi-sauvages.