Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi le capitaine les vendit-il mille piastres l’un dans l’autre, ce qui lui fit un total de neuf cent quatre-vingt-dix mille francs ; or, en sa qualité de capitaine, comme il avait moitié part, il encaissa à lui seul, tous frais prélevés, quatre cent vingt-deux mille francs ; ce qui, comme on le voit, était un assez joli denier.

Puis une circonstance inattendue donna encore moyen au capitaine Pamphile de tirer avantageusement parti d’une autre portion de son chargement. Au lieu de cinquante pipes d’eau-de-vie qu’elle attendait de la maison Ignace-Nicolas Pelonge, d’Orléans, la maison Jackson et compagnie, de New-York, n’en ayant reçu que trente-huit, elle avait été, malgré sa fidélité ordinaire à remplir ses engagements, forcée de manquer de parole à quelques-unes de ses pratiques. Or, le capitaine Pamphile apprit, à Saint-Pierre, que les grandes Antilles manquaient entièrement d’alcool, et, comme il lui restait, si l’on se souvient, onze pipes trois quarts de cette liqueur dont il n’avait pas trouvé l’emploi, il résolut de faire voile pour la Jamaïque.

On n’avait pas trompé le capitaine Pamphile ; les Jamaïquois tiraient effroyablement la langue à l’endroit de l’eau-de-vie, dont ils manquaient depuis trois mois ; aussi le digne capitaine fut-il reçu comme une véritable providence. Or, comme on ne marchande pas avec la providence, le capitaine vendit ses pipes sur le pied de vingt francs la bouteille ; ce qui ajouta à son premier dividende de quatre cent vingt-deux mille francs une nouvelle part de cinquante mille livres, laquelle additionnée au-des-