Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/255

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produisit une grande sensation dans le monde aristocratique.

En effet, un matin, on signala un bâtiment étranger qui remontait la Tamise, portant à sa corne le pavillon mosquitos, et, à son mât d’artimon, l’étendard de la Grande-Bretagne ; c’était le brick le Mosquitos, du même port et de la même force que le Soliman, mais tout éclatant de dorures, et, le même jour, il mouilla dans les Docks. Il amenait à Londres Son Altesse le cacique en personne.

Si l’affluence avait été déjà considérable au débarquement des consuls, on comprend ce qu’elle dut être au débarquement du maître. Londres tout entier était dans ses rues, et ce fut à grand’peine si le corps diplomatique parvint à se faire place, tant la foule était pressée, pour venir recevoir le nouveau souverain.

C’était un homme de quarante-cinq à quarante-huit ans, chez lequel on reconnut à l’instant même le véritable type mexicain, avec ses yeux vifs, son teint hâlé, ses favoris noirs, son nez aquilin et ses dents de chacal. Il était vêtu d’un habit de général mosquitos, et portait pour tout ornement la plaque de son ordre ; il parlait passablement l’anglais, mais avec un accent provençal très-prononcé. Cela tenait à ce que le français était la première langue qu’il eût apprise, et qu’il l’avait apprise d’un maître marseillais ; au reste, il répondit aux compliments avec aisance, parla à chaque ministre et à chaque chargé d’affaires dans sa langue : Son Altesse le cacique étant polyglotte au premier degré.