Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/286

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Per tutti ! enchanté que tous êtes de faire voir à toute cette canaille ce que tous avez fait voir au douanier, à la sentinelle, au maître d’hôtel, à ses garçons, que vous savez l’italien.

Vos dix pauvres se précipitent sur votre pièce et se l’arrachent. Au lieu de la partager, le plus fort la garde ; ce qui change le murmure en tempête.

Alors tout le monde s’adresse à Votre Excellence, tout le monde réclame, tout le monde crie, tout le monde pleure, tout le monde gémit, tout le monde se lamente ; et ce tout hideux grouille, se contourne, s’enlace, se groupe, s’isole avec de telles contorsions, que vous avez une idée anticipée de la fameuse géhenne de l’Évangile.

Vous prenez en pitié toute cette misère ; mais, comme, en même temps qu’elle vous fait pitié, elle vous soulève le cœur, vous lui jetez un second carlin en disant, toujours en italien, tant il vous est doux de parler enfin la langue où résonne le si :

— Ma foi ! arrangez-vous !

Et vous fermez votre fenêtre en trouvant les horizons de Naples charmants, mais le premier plan affreux.

— Allons voir les horizons, dites-vous.

Vous sonnez ; le garçon entre ; vous demandes une voiture.

— Dans dix minutes, Excellence, répond le garçon.

Vous employez ces dix minutes à faire le nœud de votre cravate, à donner un tour à vos cheveux et à vous assurer que votre lorgnon se fixe solidement dans l’arcade de votre sourcil.