Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/32

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cun se serra à ma vue ; et, par un mouvement qui aurait fait honneur par sa précision à une compagnie de la garde nationale, tous les tuyaux, qu’ils fussent de bois ou de terre, de corne ou d’ivoire, de jasmin ou d’ambre, se détachèrent des lèvres amoureuses qui les pressaient, et s’étendirent vers moi. Je fis, de la main, un signe de remercîment, tirai de ma poche du papier réglisse, et me mis à rouler entre mes doigts le cigaritto andalous avec toute la patience et l’habileté d’un vieil Espagnol.

Cinq minutes après, nous nagions dans une atmosphère à faire marcher un bateau à vapeur de la force de cent vingt chevaux.

Autant que cette fumée pouvait le permettre, on distinguait, outre les invités, les commensaux ordinaires de la maison, avec lesquels le lecteur a déjà fait connaissance. C’était Gazelle, qui, à dater de ce soir-là, avait été prise d’une préoccupation singulière : c’était celle de monter le long de la cheminée de marbre, afin d’aller se chauffer à la lampe, et qui se livrait avec acharnement à cet incroyable exercice. C’était Tom, dont Alexandre Decamps s’était fait un appui, à peu près comme on fait d’un coussin de divan, et qui, de temps en temps, dressait tristement sa bonne tête sous le bras de son maître, soufflait bruyamment pour repousser la fumée qui lui entrait dans les narines, puis se recouchait avec un gros soupir. C’était Jacques Ier, assis sur un tabouret à côté de son vieil ami Fau qui, à grands coups de cravache, avait mené son éducation au point de perfection où elle était parvenue, et pour lequel il avait la reconnaissance la plus