Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/61

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» Cela le rendit de si bonne humeur, qu’en passant à l’île Rodrigue, il acheta un perroquet.

» Arrivé à la pointe de Madagascar, on s’aperçut qu’on allait manquer d’eau ; mais, comme la relâche du cap Sainte-Marie n’était pas sûre, pour un bâtiment aussi chargé que l’était la Roxelane, le capitaine mit son équipage à la demi-ration, et résolut de ne s’arrêter que dans la baie d’Algoa. Comme il procédait au chargement des barriques, il vit s’avancer vers lui un chef de Gonaquas, suivi de deux hommes qui portaient sur leurs épaules, à peu près comme les envoyés des Hébreux la grappe de raisin de la terre promise, une magnifique dent d’éléphant : c’était un échantillon que le chef Outavari (ce qui veut dire, dans la langue gonaquas, fils de l’Orient) apportait à la côte, espérant obtenir une commande dans la partie.

» Le capitaine Pamphile examina l’ivoire, le trouva de première qualité, et demanda au chef gonaquas ce que lui coûteraient deux mille dents d’éléphant pareilles à celle qu’il lui montrait. Outavari répondit que cela lui coûterait au juste trois mille bouteilles d’eau-de-vie. Le capitaine voulut marchander ; mais le fils de l’Orient tint bon, en soutenant qu’il n’avait point surfait ; de sorte que le capitaine fut obligé d’en venir où le nègre voulait l’amener ; ce qui, au reste, ne lui coûta pas extrêmement, attendu qu’à ce prix il y avait à peu près dix mille pour cent à gagner. Le capitaine demanda quand pourrait se faire la livraison ; Outavari exigea deux ans ; ce délai cadrait admirablement avec les engagements du capitaine