Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/72

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qu’au mât de perroquet, et, arrivé là, joyeux jusqu’au ravissement, il se mit, à la grande satisfaction de l’équipage, à défiler tout son répertoire, faisant autant de bruit à lui tout seul que les vingt-cinq matelots qui le regardaient.

» Pendant que cette parade se passait sur le pont, une scène d’un autre genre s’accomplissait dans la cabine. Jacques, selon son habitude, s’était approché de Double-Bouche au moment de la plumaison ; mais, cette fois, le mousse, qui avait remarqué l’attention de son camarade à le regarder faire, avait cru reconnaître en lui une vocation inconnue jusqu’alors pour l’office qu’il exerçait. Il en résulta qu’une pensée des plus heureuses vint à l’esprit de Double-Bouche : c’était d’employer désormais Jacques à plumer ses poules et ses canards, tandis que, changeant de rôle, lui se croiserait les bras et le regarderait faire. Double-Bouche était un de ces esprits décidés qui mettent le moins d’intervalle possible entre l’idée et l’exécution ; aussi s’avança-t-il doucement vers la porte qu’il ferma, se munit-il à tout hasard d’un fouet qu’il passa dans la ceinture de sa culotte, en ayant soin d’en laisser le manche parfaitement visible, et, revenant immédiatement à Jacques, lui mit-il entre les mains le canard qui devait se déplumer dans les siennes, lui montrant du bout de l’index le manche du fouet qu’il comptait, en cas de discussion, prendre pour tiers arbitre.

» Mais Jacques ne lui donna même pas la peine de recourir à cette extrémité ; soit que Double-Bouche eût deviné juste, soit que le nouveau talent qu’il mettait Jacques