Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/79

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lui être agréable, et alla vers Jacques ; le pauvre diable roulait des yeux qui ne laissaient aucun doute sur la nature des sensations qu’il éprouvait, de sorte que le capitaine Pamphile, voyant que décidément son singe bien-aimé allait passer de vie à trépas, appela le docteur de toute la force de ses poumons : non qu’il crut beaucoup à la médecine, mais afin de n’avoir rien à se reprocher.

» La voix du capitaine Pamphile avait pris, en raison de l’intérêt qu’il portait à Jacques, un tel caractère de détresse, que non-seulement le docteur, mais encore tous ceux qui l’entendirent, accoururent aussitôt ; parmi les plus empressés se trouva Double-Bouche, qui, occupé de ses fonctions habituelles, en avait été tiré par l’appel du capitaine et était accouru tenant à la main un poireau et une carotte qu’il était en train d’éplucher ; le capitaine n’eut pas besoin d’expliquer la cause de ses cris ; il n’eut qu’à montrer Jacques, qui continuait de donner, au milieu de la chambre, les mêmes signes d’agitation et de douleur. Chacun s’empressa autour du malade : le docteur déclara qu’il était atteint d’une congestion cérébrale, maladie à laquelle était particulièrement fort sujette l’espèce des callitriches, qui, ayant pris l’habitude de se suspendre par la queue, est naturellement exposée à ce que le sang lui porte à la tête ; qu’il fallait, en conséquence, saigner Jacques sans retard, mais que, dans tous les cas, comme il n’avait pas été appelé dès les premiers symptômes de l’accident, il ne répondait pas de le sauver ; après ce préambule, il tira sa trousse, apprêta sa lancette, et recommanda à Double-Bouche de maintenir le patient, afin