Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/84

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sortie inattendue, se mit à descendre l’escalier au galop. Au même instant, nous entendîmes un second cri plus perçant encore que le premier ; une vieille marquise, qui demeurait depuis trente-cinq ans au troisième étage, attirée par le bruit, était sortie, son bougeoir à la main, s’était trouvée face à face avec le fugitif et s’était évanouie tout à fait. Tom remonta quinze marches, trouva la porte du quatrième ouverte, entra comme chez lui, et tomba au milieu d’un repas de noces. Pour le coup, ce furent des hurlements ; les convives, mariés en tête, se précipitèrent sur l’escalier. Toute la maison, de la cave aux mansardes, se trouva en un instant échelonnée de palier en palier, chacun parlant à la fois, et, comme il arrive en pareille circonstance, personne ne s’entendant plus.

Enfin, on remonta à la source : la petite fille qui avait donné l’alarme, raconta qu’elle grimpait sans lumière, la crème demandée à la main, lorsqu’elle s’était senti prendre la taille ; croyant que c’était quelque locataire impertinent qui se permettait cette familiarité, elle avait riposté à la déclaration par un vigoureux soufflet ; Tom avait répondu au soufflet par un grognement qui avait à l’instant même révélé son incognito ; la petite fille, épouvantée de se trouver dans les griffes d’un ours, quand elle se croyait saisie par les bras d’un homme, avait jeté le cri qui nous avait fait sortir ; notre sortie, comme nous l’avons dit avait effrayé Tom et l’effroi de Tom avait amené les événements subséquents, c’est-à-dire l’évanouissement de la marquise et la déroute de la noce.